Comment êtes-vous venu à la sculpture ?
Mon père était sculpteur et j’ai vécu toute mon enfance parmi les sculptures. A 6 ans, je modelais déjà des animaux en terre.
Matériaux préférés et pourquoi ?
Le métal et la cire.
Si l’on pousse à l’extrême ses possibilités, le métal travaillé directement permet tous les équilibres et déséquilibres et portes à faux et toutes les tensions internes. Très tôt, j’ai été attiré par la forme ouverte, non comme un rocher, mais comme un feuillage où l’on peut faire danser la lumière, dans un espace libre. Le métal a libéré la sculpture de sa pesanteur immémoriale. Michel-Ange disait : « une sculpture doit pouvoir rouler d’une montagne ! ».
Et bien maintenant, en l’an 2000, elle doit pouvoir voler.
J’aime la cire aussi car elle permet une spontanéité dans l’intuition.
Avez-vous conscience d’appartenir à une école, un courant ?
Pas spécialement.
Étant jeune, on s’entre-influence forcément, on forme son calcaire avant la perle.
Entre 50 et 60, j’ai fait partie de ce que l’on a appelé « la nouvelle école de Paris » mais, à vrai dire, j’aime plutôt explorer que développer ce que je découvre. Je considère qu’au lieu de renforcer et développer sa propre écriture, c’est plus excitant pour l’esprit de rechercher l’écriture du possible. Nous sommes les héritiers d’une multitude d’artiste depuis les cavernes et ma jeune ambition serait de maintenir cette joie du montré en équilibre précaire et toujours à réinventer, même dans la dérision… Une de mes premières sculptures réalisées avec des éclats d’obus, je l’ai appelée « Même la bêtise a des feuilles» …
Que souhaitez-vous exprimer ?
L’os des choses / la transparence/ le squelette d’un espace / les possibles intérieurs.
J’ai aimé cette phrase de RODIN : « Qu’est—ce qui est plus beau qu’une sculpture ? un morceau de sculpture… La ruine d’une sculpture ».
De l‘air, encore de l’air, toujours de l’air…
Vos méthodes de travail ?
C’est comme devant une table de jeu à la roulette : plus on joue de numéros, plus on a de chance de gagner, avec parfois une intuition du « bon chiffre ».
La part du hasard chez vous ?
Je me mets devant des bouts de matière et de matériaux et je les questionne et les fait danser, en somme du hasard formulé. Je m’arrête quand il est « bleu ». Le hasard est peut-être une mémoire qui joue avec elle-même…
Extraits d’une interview pour le livre « La sculpture en France depuis 1950 » aux Editions d’Art, Paris, 1982.